La levée de fonds : quand, comment, pourquoi ?
Vous avez décidé de réaliser une levée de fonds. Votre Expert-Comptable se tient à vos côtés pour vous épauler dans cette étape importante pour votre entreprise. La levée de fonds : quand, comment, pourquoi ?
Analyser le cycle de vie de la société et l’adapter au type de capital-investissement le plus opportun
Le capital investissement regroupe les différents apporteurs de fonds qui sont de véritables partenaires actifs pour les sociétés. Ils contribuent à la création d’entreprises, à la promotion de l’innovation et de nouvelles technologies, à la croissance, à l’emploi et au renouvellement et à la préservation du tissu économique.
La prise de participation par des investisseurs extérieurs à l’entreprise permet de financer le démarrage, la croissance, la transmission ou même le redressement et la survie de la société.
Nous retrouvons ci-dessous les 4 métiers essentiels du capital-investissement :
Le capital-risque : il regroupe lui-même 4 segments de capital investissement (capital d’amorçage, capital-création, capital-expansion, capital-innovation). Le capital-risque apparaît comme une activité d’apport en fonds propres dans des entreprises innovantes non cotées, naissantes et présentant un fort potentiel de croissance. Les aspects non monétaires sont également essentiels au capital-risque (coaching, motivation, savoir-faire, réseau). Compte tenu du caractère innovant des sociétés naissantes, le niveau de risque reste élevé. Le montant des fonds investis est en général limité.
Le capital-développement : la société a atteint son seuil de rentabilité et dégage des profits. Les fonds investis sont employés pour augmenter ses capacités de production, développer de nouveaux projets, financer des acquisitions et accroître son fonds de roulement. Dans ce cadre, le niveau de risque est plus limité, ce qui permet que le montant des fonds investis soit souvent supérieur à ceux du capital-risque.
Le capital-transmission : les capitaux investis sont destinés à permettre le rachat d’une entreprise déjà existante non cotée, en phase de maturité. Cette dernière peut être investie par des dirigeants déjà présents au sein de la société, mais aussi par des investisseurs extérieurs. Ce type de financement recours à la création d’une société holding qui s’endette pour racheter l’entreprise cible (rachat avec effet de levier[1]) et qui percevra par la suite des dividendes de la société cible pour honorer le service de sa dette.
Le capital-retournement : il s’agit d’un financement en fonds propres d’entreprises ayant connu des difficultés et pour lesquelles des mesures permettant le retour aux bénéfices sont identifiées et mises en œuvre.
Procéder à une levée de fonds est un enjeu de taille. C’est pourquoi, il est impératif de déterminer les volontés et les perspectives d’avenir de la société.
L’objectif pour l’expert-comptable est d’accompagner son client et récolter l’ensemble des informations pouvant avoir une incidence sur le développement de l’entreprise. Le cycle de vie de la société est ainsi analysé.
Afin de cibler les attentes des dirigeants fondateurs de la société et d’identifier si l’entreprise est éligible aux attentes des investisseurs, les questions à se poser sont les suivantes :
Pourquoi ce besoin de capitaux ?
Il s’agit d’analyser à quel emploi le besoin de financement est destiné et pour quel objectif. Cette première analyse permet de cibler le projet de l’entreprise à développer, la durée et le type de financement nécessaire. Il peut s’agir de financer les investissements (recherche et développement) de l’entreprise ou bien son cycle d’exploitation (amélioration de la trésorerie).
Par ailleurs, dans le cadre du capital-investissement et tout en ayant un besoin de capitaux financiers, la société doit démontrer qu’elle génère sa propre valeur.
L’objectif est de déterminer sa capacité à dégager une rentabilité, appelée cash flows (flux de trésorerie)[2] positive. Au regard du capital-investissement, une entreprise rentable a plus de facilité pour lever des fonds et les rémunérer, tandis que des cash flows insuffisants peuvent être un frein pour l’obtention d’un accord de financement.
À combien s’élève le besoin de financement nécessaire ?
Afin d’y répondre, une projection réaliste des besoins de financement liés à la situation de l’entreprise est nécessaire. Ainsi, l’expert-comptable prépare un business plan[3] et un prévisionnel de trésorerie qui portent sur l’évaluation du besoin de ressources, et recense les disponibilités actuelles et futures en fonction des éléments composant le bilan (dettes, créances, disponibilités, engagements).
Quels sont les avantages de lever des fonds pour la société ?
Grâce à des fonds propres renforcés, la société accélère sa croissance et son activité se développe plus rapidement. Par conséquence l’entreprise gagne en confiance auprès de ses intervenants extérieurs (fournisseurs, banques, clients…).
Quels sont les inconvénients d’ouvrir le capital de la société ?
Il s’agit essentiellement des risques liés à l’entrée au capital d’investisseurs extérieurs à l’entreprise. Le rôle de l’expert-comptable est de protéger les intérêts des associés fondateurs en anticipant leur dilution en capital et en préservant leurs pouvoirs décisionnels. Pour cela, il intervient tout au long des phases de négociation en accompagnant son client lors de la rédaction des documents juridiques liant les deux parties à l’investissement. Le professionnel simule le coût de sortie des investisseurs que devront supporter les fondateurs au terme de l’investissement.
Cibler les perspectives de développement
Après avoir analysé le cycle de vie de la société, il convient de cibler ses perspectives de développement.
En moyenne, les procédés d’une levée de fonds s’écoulent sur une durée comprise entre 3 mois et 9 mois. Il s’agit d’une démarche longue et engageante. Pendant ce laps de temps, la société a pour objectif de continuer à se développer et améliorer ses leviers de création de valeur.
Afin de répondre aux critères des partenaires financiers, l’apport de l’expert-comptable est de préparer les dirigeants fondateurs au maintien des objectifs de développement suivants :
- Maintenir l’image d’une société à fort potentiel de croissance: le chiffre d’affaires doit être en constante progression ;
- Maintenir la position concurrentielle : il convient d’envisager le développement de nouveaux produits par le biais de l’innovation, ou bien acquérir de nouveaux marchés ;
- Améliorer de manière durable la rentabilité: il s’agit d’améliorer la productivité opérationnelle par la mise en œuvre de plans d’actions portant sur le fonctionnement interne et l’amélioration des pratiques de gestion ;
- Optimiser les futurs capitaux investispar la bonne gestion du bilan de la société et plus particulièrement par l’optimisation de son besoin en fonds de roulement[4] (BFR).
Ces perspectives de développement sont des atouts à présenter lors de l’approche des investisseurs. Pour cela, la préparation d’un mémorandum d’informations, autrement dit pitch deck[5], est conseillée pour « vendre » la société.
Vous découvrirez les informations sur le pitch deck dans notre prochain article.
Article écrit par Julie JOBERT – Chef de Mission – Expert-comptable mémorialiste chez DSO
[1] Il s’agit d’une opération Leverage Buy Out (LBO)
[2] Le Cash-flow est un indicateur qui permet d’analyser la solvabilité et la pérennité d’une entreprise.
[3] Business plan, en traduction française : plan d’affaires qui formalise les projections d’évolution de l’entreprise sur une période donnée.
[4] Il représente les besoins de financements à court terme d’une entreprise résultant des décalages des flux de trésorerie disponibles entre les décaissements et les encaissements liés à l’activité opérationnelle de la société.
[5] Traduction française : pont de lancement. Le pitch deck fait référence aux pages de présentation (souvent sous la forme de slides) que les dirigeants utilisent pour présenter le projet de la société aux potentiels investisseurs.